Puisque vous lisez régulièrement ce blog, vous savez que la communication (qu’elle soit verbale ou non verbale) revêt une importance capitale dans les relations que nous entretenons avec nos patients, en particulier pour bâtir une saine relation thérapeutique, basée sur la confiance.
Il existe une infinité de manières professionnelles, élégantes, neutres et respectueuses de dire les choses. Mais il n’y a qu’une dizaine de choses qu’il ne faut JAMAIS dire à un patient…
1- « JE N’AI PAS LE TEMPS DE VOUS EXPLIQUER »
Un de vos patients vient vous consulter pour un problème. Vous l’examinez, vous diagnostiquez et grâce à votre grande expérience, il ne vous faut que quelques secondes pour comprendre que sa dent est perdue, qu’il faut l’extraire puis la remplacer par un implant.
Oui mais voilà, votre emploi du temps est surchargé et vous courrez comme un dératé de patient en patient.
En ne prenant pas le temps d’expliquer et de répondre à ses questions, vous refusez au patient son droit le plus fondamental :
- savoir de quoi il souffre et pourquoi;
- savoir de quoi relèvent les traitements possibles dans son cas.
Si vous n’avez pas le temps, vous devez soit revoir le patient pour lui expliquer, soit déléguer cette étape à un membre de votre équipe.
2- « C’EST À VIE »
Votre patient arrive, tant bien que mal, à vous retenir. Et malgré vos soupirs d’impatience, il comprend que vous envisagez de lui poser un implant. En examinant le devis que vous lui avez édité à la va-vite, il comprend que cela représente une somme non négligeable. Vous coupez court à ses interrogations en lui affirmant que « c’est cher mais c’est à vie! ».
Nous l’avons vu dans des articles consacrés aux garanties et aux complications, il n’est pas raisonnable de garantir l’éternité à un traitement dentaire, aussi bien réalisé soit-il. Au contraire, tout porte à croire que :
- dans la bouche rien n’est éternel, pas même ce qu’a fait la Nature,
- les dents et les restaurations sont soumises en permanence à de fortes contraintes mécaniques et biochimiques.
5- « C’EST DE VOTRE FAUTE »
Malgré le cruel manque d’explication, le patient a décidé de se faire opérer. Le fait que vous soyez le seul poseur d’implant à 50km à la ronde y est peut être pour quelque chose; nul ne sait. Oui mais voilà : 8 mois plus tard, il y a un problème : le patient a mal et perçoit une mobilité de la dent que vous lui avez posé.
Vous rechignez mais il faut bien annoncer au patient que le traitement a échoué. L’implant ne s’est pas ostéo-intégré, le site s’est infecté et il faut tout déposer. Vous analysez la situation avec toute la finesse qui vous caractérise et vous en déduisez que ce doit être parce que le patient a dû fumer ou qu’il doit grincer des dents la nuit.
En culpabilisant ainsi le patient vous vous grillez doublement :
- vous auriez dû repérer les facteurs de risque avant d’intervenir;
- vous auriez dû l’en informer préalablement : cela s’appelle le consentement éclairé.
8- « MAIS QUI VOUS A FAIT ÇA! »
Le patient, édenté et livré à lui-même, décide alors de faire quelques kilomètres supplémentaires pour aller consulter un autre praticien dans la grande ville voisine.
Celui-ci, jugeant l’occasion trop belle, n’hésite pas une seconde à descendre le travail de son confrère et insiste lourdement pour connaitre son identité.
En critiquant et en jugeant le travail de son confrère, ce deuxième praticien :
- sous-entend qu’il n’a jamais connu d’échec ou de complication, ce qui est impossible;
- fait preuve d’un manque flagrant de savoir-vivre, de tact et respect.
9- « C’EST TRÈS MOCHE »
En plus de constater « la misère, les dégâts, la boucherie, le scandale… », ce deuxième praticien se croit mieux placé pour juger de l’aspect des dents et des anciennes restaurations du patient et d’émettre des commentaires vexants.
Mais c’est ignorer que :
- L’esthétique est un domaine très subjectif;
- C’est par des questions ouvertes que le praticien peut inviter le patient à s’exprimer et faire son auto-évaluation esthétique.
Lire également : Pourquoi il ne faut jamais critiquer le travail d’un confrère?
10- « LAISSEZ-MOI FAIRE »
Ce deuxième praticien ne doute décidément pas plus que son prédécesseur. Au lieu de fournir des explications et des options thérapeutiques à son patient, il décide, au pied levé, de préparer les dents adjacentes pour faire un bridge. Le patient réalise trop tard ce qu’on est en train de lui faire et commence à manifester son refus. Le praticien s’interrompt et lui rétorque que c’est mieux pour lui car il sera mieux remboursé que pour un implant…
Mais c’est ignorer que :
- Le patient doit être informé loyalement préalablement à la réalisation d’un traitement
- Le patient doit pouvoir avoir le choix de son traitement.
D’autres articles sur la Communication :
– Comment Soigner ses Courriers?
– Le Plan de Traitement Eclairé
– Où Commence l’Accueil?
– La Communication Non Verbale
– Ce que Désirent les Patients
– Pour en Finir avec la Dentisterie à Papa
Bonjour, j’ai une autre phrase qui mériterait de faire partie de ce florilège:
» Votre praticien a une RCP » ou comment pousser insidieusement le patient au litige avec son praticien, sans lui laisser la moindre chance de régler lui-même son problème. Ecoeurant et anti-confraternel au possible.
Bonjour Alain,
et merci pour cette suggestion. En effet, elle complète magnifiquement ce panel.
Certains lecteurs l’ont d’ailleurs trouvé caricatural… J’ai le regret de vous annoncer que toutes ces phrases ont été entendues, pour de vrai, et pour certaines à plusieurs reprises!
A méditer, surtout dans ces moments où notre profession essaie désespérément de redorer son image…
Très juste Bravo pour L’article