Echec et … Complication

« Si vous ne commettez pas d’erreur, c’est que vous ne travaillez pas assez dur sur les problèmes. Et ça, c’est une grave erreur. »

– Franz Wilczek, Prix Nobel de physique 2004.

Dans tous les domaines de la vie, il y a des situations où nous perdons le contrôle. Des situations où, en très peu de temps, parfois quelques secondes, l’accident survient, inéluctable. Les conséquences sont variables et peuvent aller du désagrément à la catastrophe. Pourtant, à chaque fois que l’on y repense, on se dit très souvent que cela aurait pu être évité.

MIEUX VAUT PRÉVENIR QUE GUÉRIR

Les chirurgiens-dentistes pourraient rendre un bien meilleur service à leurs patients s’ils se concentraient d’abord sur les moyens d’éviter d’avoir recours aux soins dentaires qui sont tous des sources d’échecs et de complications potentiels. Mais les médecins et les chirurgiens sont conditionnés pour traiter et opérer des problèmes sans penser à d’abord traiter leurs causes. L’obsession de l’acte, seule source de rémunération pour les professionnels de santé, est  pousse à la sur-consommation médicale chronique. A cela s’ajoute le choix des politiques en matière de santé : la France a décidé de sous-valoriser les stratégies médicales préventives et préfère dépenser des milliards à réparer ce qui a été cassé.

PRENDRE LES BONNES DÉCISIONS

En aéronautique, l’analyse des incidents a montré que l’erreur humaine jouait un rôle dans 80% des cas. Mais souvent, les pilotes prennent des décisions qui paraissent logiques au regard des informations dont ils disposent à l’instant t. Et les rapports d’expertise de conclure que de nombreux crashs auraient pu être évités si les pilotes avaient pris le temps de recueillir plus de paramètres de vol.

De manière tout à fait similaire, les médecins qui prennent de meilleures décisions thérapeutiques prennent le temps de faire un recueil exhaustif des données lors de l’entretien, de l’anamnèse, de l’examen clinique et grâce aux examens complémentaires.

A lire : The Checklist Manisfesto.

RESPECTER LE GRADIENT THÉRAPEUTIQUE

Lorsque les soins dentaires sont nécessaires, il est très important de privilégier les soins les plus conservateurs et les moins invasifs possible. Cela pour deux raisons :

  1. Plus les soins sont invasifs, plus le risque de complication augmente.
  2. Plus les soins sont invasifs, plus les possibilités de réintervention sont aléatoires.

GÉRER, PUIS RETENIR LA LEÇON

Dans tous les domaines de la vie, les échecs demeurent un sujet particulièrement sensible. En santé, les conséquences et les coûts des échecs sont énormes et la dentisterie n’échappe pas à cette règle. Pourtant les échecs et les complications permettent l’apprentissage et l’amélioration des pratiques.

« Vous aimeriez que je vous donne une recette pour réussir? C’est très simple en fait : multipliez par deux votre taux d’échec. »

– Thomas J Watson.

Les échecs et les complications que nous rencontrons au quotidien doivent être regardés en face et analysés de manière franche et lucide. On a coutume de dire que celui qui maîtrise une technique chirurgicale est capable de faire face à toutes les complications possibles. Refuser de se confronter à ses échecs et à ses complications est inacceptable sur le plan éthique et inacceptable sur le plan de l’amélioration des pratiques.

Tout le monde devrait apprendre et tirer profit de ses propres échecs et complications mais également de ceux des autres : les juristes, les compagnies d’assurance, les praticiens et les patients. Cela demande un effort collectif pour prévenir, minimiser et solutionner ces situations problématiques.


A lire également : La Culture de l’Erreur

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