Médecine sur Mesure

De plus en plus d’études scientifiques et de santé publique pointent aujourd’hui du doigt la faible efficacité de certains traitements ou protocoles thérapeutiques et posent des questions qui dérangent :  Administre-t-on systématiquement et sans discernement des thérapeutiques par habitude ou par ignorance, par manque de temps ou de moyens, par fainéantise ou par soumission aux cadres réglementaires?  La médecine générale se serait-elle transformée en médecine généralisée? Les soins individualisés seraient-ils devenus des victimes du collectivisme généralisé?

Le numéro d’octobre 2013 de l’excellente revue Inside Dentistry a été consacré aux progrès et aux perspectives de la médecine dite personnalisée. Mais qu’entend-on par médecine personnalisée? Il s’agit d’une médecine préventive qui s’appuie à la fois sur les caractéristiques cliniques et génétiques du patient afin de délivrer le traitement le plus spécifique et le plus adapté à l’individu. Les récentes découvertes dans le domaine de la de la pharmaco-génétique, des tests diagnostiques de plus en plus spécifiques, une individualisation des facteurs de risque et une juste interprétation des données scientifiques permettront de pratiquer une médecine plus préventive et plus ciblée. Mais doit-on attendre le futur pour la pratiquer? Non, car le futur commence aujourd’hui.

L’EVALUATION DES RISQUES

Le diagnostic se base sur l’examen clinique et le pronostic sur l’évaluation des facteurs de risque propres au patient. Le diagnostic et le pronostic permettent d’établir un plan de traitement. Ce plan de traitement intègre non seulement les procédures de traitement de pathologie mais aussi la maintenance des résultats à long terme.

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L’étude de Gianmobile et al. Journal of Dental Research – 2013 s’est intéressée à la maintenance parodontale chez les patients présentant des facteurs aggravants pour la maladie parodontale et en se demandant si une maintenance adaptée en fonction des facteurs de risque en présence pouvait diminuer le risque pour le patient de perdre des dents dans le futur. Sur une durée de 16 ans, les auteurs ont recherché une corrélation entre le nombre de dents extraites, les facteurs de risques individuels des patients et la périodicité de la maintenance parodontale professionnelle.

Les 3 facteurs de risque étudiés étaient :

  • Tabagisme
  • Diabète
  • Polymorphisme au gène de l’Interleukine 1 (responsable, entre autre, de l’intensité de la réaction inflammatoire de l’hôte et donc de la sévérité de la maladie parodontale)

Selon que les patients présentaient trois, deux, un ou aucun de ces facteurs de risques, ils étaient classés dans l’une des catégories de risque parodontal suivantes : très élevé, élevé, intermédiaire, faible.

DES RECOMMANDATIONS ADAPTEES

L’étude s’est d’abord demandée si les patients qui ne présentaient aucun facteur de risque parodontal tiraient un bénéfice de deux détartrages par an plutôt que d’un seul. Les résultats ont montré que pour les patients à risque parodontal faible, un seul détartrage par an était suffisant pour maintenir les résultats parodontaux.

En revanche, si un seul détartrage par an est réalisé sur des patients à risque intermédiaire ou élevé, le taux d’extractions dentaires augmente. Les patients à risque intermédiaire (1 facteur aggravant) et élevé / très élevé (2 ou 3 facteurs aggravants) ont besoin, respectivement, d’une maintenance tous les 6 mois, tous les 4 mois et tous les 3 mois.

Face à une population qui vit de plus en plus longtemps, polymédiquée et de plus en plus sujette aux maladies chroniques, il est important de considérer que chaque visite de maintenance doit donner lieu à un examen clinique complet et une réévaluation des facteurs aggravants car le profil de risque de chacun n’est pas figé et peut évoluer dans le temps.

Les données épidémiologiques de la santé parodontale des Français sont calamiteuses et nous amènent à poser deux questions fondamentales :
Comment peut-on imaginer qu’une maintenance annuelle ou bi-annuelle puisse convenir à tous les patients?
Pourquoi la Loi Française ne permet-elle pas la création du métier d’hygiéniste dentaire?

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