Quelle Politique pour la Prophylaxie?

Cet article est le dernier d’une série de trois consacrés à la dentisterie prophylactique et préventive. Cliquez ici pour lire la 1ère et la 2ème partie.


Dans un monde parfait où « Prévenir vaudrait mieux que guérir », la mise en place d’un protocole de prophylaxie dentaire efficace serait mieux honoré que la mise en place d’un implant dentaire.

Malheureusement, la Securitate Socziale et ses codifications rigolotes sont encore à coté de la plaque car nous avons vu précédemment que c’est le temps consacré à la communication et à l’induction de changements de comportements qui est plus important que la technicité des actes.

SANTE DES POPULATIONS Vs. BESOINS INDIVIDUELS

Dans l’Information Dentaire n°31 du 19 septembre 2018, une équipe de spécialistes en cariologie et en santé publique pointait du doigt le fossé flagrant qui sépare la CCAM des données acquises de la science en matière de gestion du risque carieux :

Cliquez ici pour lire l’article : Intervention Minimale en cariologie : l’intégration indispensable à la CCAM. Domejean S, Deschamps M, Espinasse L, Mazevet M, Tubert-Janin S. Info Dent 31; 33-41.

Même constat dans une interview donnée au magazine Dentoscope (n°202), par le Dr Sophie Dartavelle, présidente de l’Union Française pour la Santé Bucco-Dentaire, qui, après avoir rappelé l’importance de l’analyse et de la gestion du risque carieux, faisait remarquer le net décalage entre les recommandations de la communauté scientifique en la matière  et les moyens politiques alloués en France à la prévention carieuse.

Nous ne pouvons qu’être d’accord avec ces auteurs car la prévention dentaire, contrairement à ce qui est vanté par les signataires de la nouvelle convention dentaire, ne se limite pas à des scellements de sillons chez des individus de moins de 13 ans. La prévention concerne tous les individus selon leurs niveaux de risques individuels, quel que soit leur âge.

Et nous voyons ressurgir l’éternel problématique qui oppose d’un coté les administrateurs en santé publique, obligés de composer avec les maigres budgets d’un Etat en situation de déficit chronique, qui traitent des tableaux statistiques et des enveloppes budgétaires, et de l’autre, les professionnels de santé de science et de terrain, qui traitent des individus.

COTATIONS Vs. FORMATIONS

Après avoir fait le triste constat que les seules formations continues en odontologie qui font le plein de participants en France sont celles consacrées aux modes d’emploi de la CCAM et de la Nouvelle Convention Dentaire, on comprend mieux le retard pris par la France dans le domaine de la dentisterie prophylactique. Le recours à une formation moderne et de qualité est plus qu’urgent.

Le niveau de preuve scientifique très élevé des techniques de dentisterie prophylactique devrait inciter les praticiens et leurs équipes à se former et à mettre en place les protocoles d’évaluation des risques carieux et parodontal sans plus tarder.

N’attendons pas que les autorités de « tutelle » (car oui, nous sommes sous tutelle!) nous fournissent leurs directives kafkaïennes concernant la manière dont devraient – selon elles – être conduites les politiques de prévention dans les cabinets dentaires. Agissons pour le bien de nos patients, sans attendre que l’on nous en donne l’autorisation.

DETARTRAGE Vs. PROPHYLAXIE PARODONTALE

Et si l’Etat ne nous donne pas les moyens d’exercer et de vivre de la prophylaxie/prévention alors il est de notre responsabilité de les prendre.

Et de rappeler quelques principes simples :

  • On fait un bien meilleur travail quand on prend le temps de le faire méthodiquement, soigneusement et consciencieusement.
  • Or le temps c’est de l’argent et les professionnels de santé, comme tout un chacun, ne vivent pas de l’air du temps.
  • On est donc beaucoup plus appliqué à sa tâche quand on se sait  correctement rémunéré. Cette idée correspond à la notion de responsabilité vis à vis du patient que n’ont malheureusement pas les organisations technocratiques où la responsabilité est diluée dans les nombreux échelons de la hiérarchie.

Et cela implique nécessairement de prendre, avec tact et mesure, quelques distances vis à vis du cadre réglementaire conventionnel.

Le principe qui voudrait que les patients refusent catégoriquement les traitements qui ne sont pas remboursés par les caisses n’est que le reflet de l’incapacité des praticiens à leur expliquer le bien-fondé et les intérêts d’une telle approche. Pourtant, force est de constater que de plus en plus de patients comprennent qu’ils ont meilleur intérêt, pour leur Santé, à faire confiance à leur Professionnel de Santé qu’au Ministre de la Santé.

100 ans, ça commence à faire beaucoup, non?

CONCLUSION

Cette série d’articles n’avaient certainement pas la prétention de couvrir l’intégralité du domaine des soins dentaires prophylactiques mais ont peut-être, nous l’espérons, suscité l’intérêt des lecteurs pour cette approche thérapeutique extrêmement qualitative.

Les politiques de santé doivent transformer leurs bases conceptuelles pour aboutir à des changements tangibles. De nouvelles pistes émergent et sont proposées par les professionnels aux décideurs politiques :

C’est grâce à ces idées que nous pourrons certainement :

  • Sortir du modèle réparatif.
  • Rendre de bien meilleurs services à nos patients.

Chacun doit y prendre sa part car la réussite des politiques de prévention à l’échelle des populations passera par une meilleure définition et une meilleure application, par les équipes soignantes elles-mêmes, de politiques préventives au sein des cabinets dentaires.


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