La préservation tissulaire est un devoir qui s’inscrit en droite ligne du primum non nocere d’Hippocrate. En dentisterie restauratrice plus que dans tout autre domaine médical car les tissus constitutifs des organes dentaires ne sont pas capables de se régénérer ad integrum après une destruction importante. Autrement dit : ce qui est perdu : est perdu à vie!
Pendant des décennies, la dentisterie à Papa, nous a fait croire que le meilleur moyen de protéger les dents était de les dévitaliser, de les tailler et de les recouvrir de couronnes prothétiques. En plus, et ça tombait très bien, cela permettait de gagner sa vie puisque tout cela était remboursé par la Sécurité Sociale. C’était tout de même moins dramatique que la dentisterie à Papy qui elle, pour survivre, devait extraire des dents et les remplacer par des prothèses amovibles. Triste logique de la Nomenklature Sécu…
Aujourd’hui, tout cela devrait être révolu. Des études scientifiques pertinentes ont été réalisées et ont montré des résultats incroyablement logiques :
- Plus on taille une dent, plus elle perd de sa structure. Edellhoff & Sorensen 2002
- Plus une dent perd de sa structure, plus elle devient fragile. Reeh et al. 1989, Déjou et al. 1990, Sedgley & Messer 1992, Sivers & Jonhson 1992, Panitvisai & Messer 1995, Wiskott et al. 1996, Homewood 1998,
- Les inlays/onlays en céramique pressée ou par CFAO une bonne résistance mécanique. Isidor 1995
- Les inlays/onlays collés donnent de bons résultats sur les dents fêlées ou fissurées. Signore et al. 2007
- Les inlays/onlays collés donnent de bons résultats dans le temps. Roggendorf et al. 2007, van Dijken & Hasselrot 2010, van Djiken et al. 2001
- Le collage permet de renforcer la cohésion de l’ensemble dent/colle/restauration. Reeh et al. 1989, Morimoto et al. 2009.
Malgré cela les vieilles habitudes ont la vie dure et beaucoup de praticiens restent sceptiques quant à la durée de vie des restaurations partielles sur dents vivantes (et encore moins sur dents dépulpées). Nous leur adressons deux réponses :
- Les dents dépulpées, taillées, inlay-corisées, couronnées ou pire support-de-bridgées connaissent des complications à plus ou moins long terme : infections péri-apicales, caries secondaires, fractures radiculaires… dont le seul traitement valable est souvent l’extraction.
- Les restaurations partielles collées peuvent, en cas d’échec (décollement, fracture), être renouvelées ou au pire remplacées par une coiffe périphérique.
Gravons ce principe thérapeutique dans nos esprits une bonne fois pour toute : La durée de vie de la dent sur l’arcade est plus importante que la durée de vie de la restauration.
PRINCIPES CLINIQUE
LES BONNES INDICATIONS
LE BON MATERIEL
En plus des fraises diamantées cylindre-coniques, l’utilisation d’inserts ultra-sonores diamantés permettent d’obtenir des lignes de finition propres et nettes et préserver au maximum les tissus amélaires et dentinaires.
Un collage performant et efficace ne peut s’obtenir qu’avec une bonne isolation du champ opératoire.
Les nouvelles céramiques obtenues par pressée ou par CFAO sont des matériaux particulièrement performants pour ce type de restaurations. Les composites de laboratoire peuvent également être indiqués.
La connaissance des principes de l’adhésion aux tissus dentaires et le respect des protocoles opératoires permettent de répondre aux indications avec sérénité.
CONCLUSION
- Un onlay vaut mieux qu’une couronne pour préserver et renforcer la structure dentaire,
- Un onlay vaut mieux qu’une couronne pour préserver la vitalité pulpaire,
- Un onlay vaut mieux qu’une couronne pour reconstituer la morphologie occlusale et les points de contact proximaux,
- Un onlay vaut mieux qu’une couronne pour l’intérêt du patient.
Si vous souhaitez aller plus loin sur ce sujet des inlays-inlays, nous vous recommandons l’organisme de formation en ligne Learnylib dont les formations sont prises en charge DPC et FIF-PL.
Très cher Dentalist,
Je vois que vous avez tenu votre promesse…
FÉLICITATIONS : le message est très clair.
Au plaisir de découvrir vos nouveaux posts.
Merci cher ami. Pour les lecteurs qui n’auraient pas suivi, votre commentaire fait référence à une discussion très intéressante que nous avions eu suite à un article plus anciens (http://thedentalist.fr/dela-dent-depulpee/) concernant la préservation tissulaire.
Je suis heureux que vous puissiez apprécier ce nouvel article.
Moi même, j’aurai grand plaisir à lire vos commentaires dans le futur.
Hélas, la dentisterie à papa a encore de bons jour car qui peut se payer de telles restaurations exigeantes quand une CCM est jusqu’à 20 fois mieux remboursée et mieux « payée » et pour un protocole de pose 10 fois plus simple.
Bonjour Kzu. Votre remarque est au coeur du problème. Mais selon moi, il s’agit d’un faux problème car il ne reflète que l’abandon de la santé bucco-dentaire des patients par les chirurgiens-dentistes au profit des assureurs. C’est l’attitude intègre et intransigeante du praticien et ses explications claires et honnêtes qui vont aider le patient à faire le bon choix. Quand le patient comprend que si on évite de dévitaliser et de tailler outrageusement sa dent, celle-ci à plus de chance de durer dans le temps, ce qui retarde d’autant plus l’extraction et la pose d’un implant (non remboursé), il va tendre les deux oreilles et prêter une grande attention à votre onlay car il comprend très bien l’intérêt pour sa santé à long terme.
Je ne dis pas que tous les patients raisonnent de cette manière mais la majorité d’entre eux ont confiance et écoute ce que préconisent leurs professionnels de santé.
Et lorsque vous dites que le protocole d’une endo+inlay-core+couronne est plus simple, je ne suis pas d’accord. Pour moi, un onlay c’est deux séances. Pour une couronne c’est 4 ou 5 séances.
Qu’en pensez-vous?
chez nous, meme la detisterie a papy existe toujours malheureusement.
Que pensez vous de faire des onlay en céramique feldspathique ? merci d’avance de votre réponse.
Historiquement, les première reconstitutions coronaires partielles en céramique étaient des onlays fabriqués en céramique feldspathique. Mais les résultats ont rapidement montré qu’ils étaient très fragiles et cassant. Cela a permis d’alimenter la légende selon laquelle les onlays céramique étaient tous fragiles et cassant. Le développement des nouvelles céramiques a permis de complètement résoudre les problème de résistance mécanique et d’adhésion aux tissus dentaires. Pour mes inlays, je n’utilise que la céramique pressée ou le composite de laboratoire Conquest.
Est-il possible de mettre un onlay au lieu d’une couronne pour une dent dévitalisée ?
Merci.
Oui, c’est envisageable mais seulement dans certains cas cliniques très précis où la structure résiduelle de la dent après traitement radiculaire est préservée. On parle alors souvent d’endo-couronne. Cliquez ici pour lire l’article consacré à ce sujet.
Bonjour, un onlay en céramique pressée peut-il casser avant un an ? dans ce cas, y a t’il une garantie pour couvrir le prix d’un nouvel onlay (400 euros tout de même)? Merci par avance.