L’adaptation se définit, de manière générale, comme l’ajustement fonctionnel de l’être vivant au milieu, et en particulier,  l’appropriation de l’organe à sa fonction, permettant à  l’organisme de durer et de se reproduire.

La capacité d’adaptation est donc une condition essentielle de la Vie mais c’est également une condition essentielle de l’exercice de la médecine en général et bucco-dentaire en particulier.

LES MÉCANISMES DE L’ADAPTATION

Les mécanismes biologiques de l’adaptation sont très variés et il n’est pas question de les détailler ici. De Charles Darwin à Stephen Jay Gould, en passant par Lucien Cuénot et Henri Laborit, de nombreux scientifiques ont décrit les moyens dont disposent les organismes vivants, sans exception, pour s’adapter à un milieu -interne ou externe – fluctuant.

L’adaptation étant un processus biologique, elle touche, par extension, les mécanismes psychiques et sociaux.

D’après l’intervenant de cette présentation, l’adaptation nécessite donc trois ingrédients :

1. De l’optimisme
2. Du temps et de l’effort
3. Le support des proches et des thérapeutes

L’ADAPTATION DU PATIENT

Sans la capacité d’adaptation du patient, il serait tout simplement impossible de le soigner puisque les modifications induites par la pathologie, puis par le traitement, engendreraient d’autres problèmes qu’il ne serait pas en mesure de surmonter.

Prenons un exemple : la prothèse amovible complète est une discipline exigeante sur le plan technique. Tout le monde le sait. Mais le succès en prothèse amovible complète, à savoir la satisfaction du patient ne dépend pas que de critères techniques. En effet, de nombreuses études ont montré que c’est essentiellement la capacité d’adaptation du patient qui, dans une large mesure, conditionne in fine le succès de la thérapeutique.

Cependant, tous les individus ne s’adaptent pas de la même manière, ni avec le même succès, à une situation de challenge donnée. Les capacités d’adaptation dépendent de nombreux paramètres tels que :

• l’âge : un patient âgé aura plus de difficulté à s’adapter à une thérapeutique qu’un individu jeune.
• le statut biologique : les individus en bonne santé physique s’adapteront mieux et plus rapidement.
• le statut psychique et social : Les patients anxio-dépressif et isolés socialement auront plus de difficultés à supporter et à s’adapter à des traitements. Cette aspect est très proche des notions de résilience rendues célèbres par le Dr Boris Cyrulnik.

Ces paramètres doivent donc être évalués, non pas pour servir d’arguments discriminants, mais pour d’une part choisir la thérapeutique la plus adaptée et d’autre part pour expliquer et informer le patient des risques individuels liés à sa situation personnelle.

L’ADAPTATION DU PRATICIEN

Le praticien doit également s’adapter pour survivre :

1. À l’infinie variabilité des patients : car les patients sont, certes, similaires mais assurément pas identiques.
2. À l’infinie variabilité des conditions d’exercice : car le cadre réglementaire de l’exercice de la médecine bucco-dentaire ne cesse de changer et, peut être l’avez-vous remarqué, rarement dans le sens souhaité par les praticiens. Les dernières « avancées » nous annoncent un changement profond de paradigme et seuls les praticiens les plus en mesure de s’adapter survivront.

« L’intelligence ce n’est pas ce que l’on sait.
L’intelligence c’est ce que l’on fait quand on ne sait pas. »
Jean Piaget.

Pour cela, avant de se concentrer sur les méthodes d’adaptation qui sont infinies, il faut disposer de principes fondamentaux solides sur lesquels s’appuyer. Ces principes sont en nombre limité, tant au niveau de la thérapeutique (comprendre les mécanismes physio-pathologiques) qu’au niveau du fonctionnement du cabinet dentaire (communication, organisation, gestion…).
Celui qui maitrise les principes pourra trouver les méthodes conviennent le mieux à la situation alors que celui qui se concentre sur les méthodes en négligeant les principes est condamné à avoir des problèmes.

Prenons l’exemple de la révolution digitale en dentisterie. Ce serait une erreur de penser que l’outil numérique est LA solution à toutes vos problématiques quotidiennes. Les technologies numériques reposent sur les mêmes principes fondamentaux que la dentisterie analogique. Autrement dit, si vous ne maitrisez pas les principes des préparations dentaires, une caméra optique ne vous donnera toujours que des empreintes inexploitables… mais en numérique!

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Prenons un autre exemple : le pouvoir politique nous impose d’appliquer des méthodes de traitement inadaptées et iatrogènes, le tout à des tarifs plafonnés et inférieurs au coût réel de mise en oeuvre. Pour s’en sortir, le praticien devra développer des facultés de dialogue et de communication avec ses patients pour leur faire prendre conscience que ces méthodes de traitement sont délétères pour sa santé à long terme et ainsi le convaincre de suivre ses recommandations basées sur un diagnostic et sur un pronostic tangible.

CONCLUSION

« 1N73LL1G3NC3 15 7H3 4B1L17Y 70 4D4P7 70 CH4NG3. »
573PH3N H4WK1NG.

On raconte qu’un jour, alors qu’il était sur le point de donner une cours devant un large auditoire, le Professeur Rudolf Slavicek, grand connaisseur de l’adaptation du système manducateur, vît ses deux carrousels de diapositives (à l’époque) se renverser par inadvertance, ruinant de facto de longues heures de préparation. Dans le plus grand des calmes, il consacra les quelques minutes dont il disposait à reconstituer l’ordre des diapositives et déclara, non sans malice, aux observateurs médusés : « Adaptation is the Key of Life!« .

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