Dans la première partie de cet article, nous avons vu que la fracture est la principale complication susceptible de survenir sur la dent dépulpée. Ce risque de fracture dépend directement de la quantité de dentine saine résiduelle. La préservation de la dentine saine doit donc être un objectif prioritaire lors du traitement endodontique et lors des procédures de restauration.
De nombreuses études ont confirmé que le maintien de la structure dentaire circulaire (ferrule) au niveau de la limite cervicale de la couronne est d’une importance capitale pour la survie à long terme de la dent dépulpée couronnée.
Le ferrule est l’anneau circonférentiel de structure dentaire saine qui se retrouve cerclée par la limite cervicale de la couronne prothétique. Sa hauteur minimale doit être de 1,5 à 2mm.
Grâce au ferrule, la couronne prothétique et la racine dentaire fonctionne comme un ensemble qui permet une transmission optimale des forces occlusales vers le parodonte.
Sans ferrule, les forces occlusales sont directement transmises au faux-moignon et/ou au tenon ce qui augmente fortement le risque de fracture dentaire ou de descellement du tenon.
Il est illusoire de penser qu’un tenon plus long ou plus large permette de se substituer à l’effet ferrule. Le problème n’est pas l’utilisation ou non d’un tenon : le problème est la présence ou non du ferrule cervical.
Le ferrule permet d’assurer la fameuse triade de Housset garante du succès prothétique :
- sustentation
- stabilisation
- rétention
Plusieurs solutions existent si le ferrule est insuffisant au niveau d’une dent à couronner :
- élongation coronaire
- égression orthodontique
- dans certains cas ponctuels : préparation sous gingivale et temporisation de longue durée pour permettre le rétablissement de l’espace biologique.
Si aucune de ces solutions thérapeutiques n’est envisageable, l’indication d’extraction de la dent peut ou doit être posée. Dans les cas de grandes réhabilitations prothétiques, il n’est pas raisonnable de conserver des dents qui ne présentent pas le ferrule adéquat. Si le patient opte malgré tout pour la conservation, le praticien doit clairement l’informer que le risque d’échec est grand.
Bibliographie :
- Sornkul, E. and J.G Stannard, Strenght of roots before and after endodontic treatment and restoration. J Endod, 1992. 18: p. 440-443.
- Isidor, Brondum and Ravnholt, The influence of post length and crown ferrule length on the resistance to cyclic loading of bovine teeth with prefabricated titanium posts. Int J Prosthod, 1999. 12: p. 78-82.
- Sorenson and Engleman, Ferrule design and fracture resistance of endodontically treated teeth. J Prosthet Dent, 2006. 95: p. 290-296.
- Creugers, NN et al, 5-year follow-up of a prospective clinical study on various types of core restorations. Int J Pros, 2005. 18: p. 34-39.
- Morgano, Rodrigues and Sabrosa, Restauration of endodontically treated teeth. Dent Clin N Am, 2004. 48: p. 397-416.
Pour aller plus loin :
Un Webinar du Dr Michel Bartala sur le sujet du cerclage cervical.
Qu’elle est l épaisseur minimum requise pour cette férule?
Il me semble que la 1° partie de votre article est en contradiction avec les études et publi de JP ATTAL..
Qu elle est votre apreciation par rapport a ses conclusions de placer des inlay/inlays colles sur les dents post dépulpées qui selon lui sont d’un meilleur pronostic a long thème qu les reconstitutions corono radiculaire que vous semble préférer.
Merci pour votre réponse
Ben cordialement
Bonjour Détroit,
Merci pour vos remarques très pertinentes qui me donnent l’occasion de préciser : les reconstitutions corono-radiculaires sont très loin de constituer ma préférence car les complications associées sont fréquentes. La proposition iconoclaste de Jean-Pierre Attal de réaliser des « endo-couronnes » en céramique collées est une solution que je trouve géniale lorsqu’elle est indiquée à savoir que la structure résiduelle de la dent après le traitement endodontique le permet. Ceci implique de disposer d’une cavité d’accès qui préserve les parois coronaires, que ces parois soient suffisamment épaisses et de disposer d’une quantité suffisante d’émail périphérique pour effectuer un collage performant. C’est malheureusement assez rarement le cas. Je pense à bientôt poster un article pour illustrer cette technique qui donne d’excellents résultats et qui permet une économie tissulaire optimale.
Vous le savez comme moi, la majorité des dents dépulpées le sont pour raisons de caries et/ou d’anciennes restaurations volumineuses. Les manoeuvres endodontiques délabrent encore un peu plus la structure coronaire. Au final, il ne reste plus beaucoup de parois, elles peuvent être hautes et fines et il n’y a plus assez d’émail pour un collage performant. Dans ces cas, un ancrage corono-radiculaire est indiqué.
Pour résumer : lorsque l’ancrage corono-radiculaire est indiqué, le ferrule est un élément structurel significatif permettant d’éviter les complications telles que les fractures ou les descellements. L’épaisseur minimale devrait idéalement être de 2mm. Le ferrule même partiel est plus favorable que pas de ferrule du tout.
Une revue de littérature récente le confirme : Juloski J, Radovic I, Goracci C, Vulicevic ZR, Ferrari M. Ferrule effect : a litterature review. JOE 2012; 38(1).
Je rajoute que le travail de Jean-Pierre Attal mérite d’être connu. Voici l’adresse de son blog : http://jeanpierreattal.blogspot.fr
Vive la dentisterie contemporaine.
Bonsoir ! Je suis étonné, étant étudiant en dernière année, on ne m’a jamais parlé de ça !
J’essaierai désormais de l’avoir à l’esprit en clinique.
Je me demandais, si on peut avoir des conditions correctes, peut-on recréer une ferrule au composite ? Merci !
Salut Ordo et merci pour ton commentaire.
La notion d’effet ferrule est sans doute une des plus importante en dentisterie restauratrice. Il FAUT absolument l’avoir à l’esprit pour juger de la structure résiduelle d’une dent dépulpée.
Pour répondre à ta question : il possible de recréer une ferrule si cela concerne une face de la dent. Une face sans ferrule vaut mieux que pas de ferrule du tout. Mais espérer recréer la totalité de l’effet ferrule avec du composite est illusoire…malheureusement.
Merci pour l’article.
Merci pour toutes ces informations
Bonjour Docteur,
pourquoi parlons-nous de « cerclage » ? Est-ce parce que cette dentine résiduelle saine est cerclée par la limite cervicale prothétique (comme dit dans l’article) et donc par la coiffe prothétique ?
Si c’est bien cela, pouvons-nous parler de « cerclage » dans le cas d’un overlay par exemple, où la coiffe prothétique « n’encercle pas » la dentine résiduelle?
En espérant avoir été clair,
merci davance
Bonjour Hugo,
Oui, c’est bien cela. La partie cervicale de la coiffe cercle la partie cervicale de la préparation. Cet effet de ceinturage, permet de limiter les mouvements (et donc les contraintes) que pourraient générer le tenon radiculaire.
Cette notion prend donc tout son sens dans la configuration d’une reconstitution corono-radiculaire. Dans le cadre d’un overlay, c’est un peu la même chose si l’on considère que le recouvrement cuspidien va limiter le risque de fracture par effet de coin.
En espérant avoir bien répondu.
Merci pour vos questions et votre intérêt à ce blog.
The Dentalist.
Permettez-moi de réagir de nouveau…
Dans le cas d’un overlay, il n’y a pas ce cerclage, ce ceinturage car il est « posé « sur la dent. Or on entend parlé de cerclage pour les overlays…pourquoi ? Est-ce lié au contour dentaire cervicale ? Le cas échéant, peut-on dire que la notion de cerclage est différente qu’il sagosse d’une coiffe périphérique ou dun overlay ?
merci encore !