La construction du plan de traitement (PDT) passe par l’établissement d’un projet de soin.
Etablir le projet de soin demande parfois une forme de négociation mais nécessite toujours une alliance thérapeutique.
Bien que quelques rares patients s’en remettent au praticien pour qu’il définisse le PDT : « Docteur, je vous fait confiance », cette forme de paternalisme et de patient passif n’est plus la norme juridique de nos jours… Pour les autres, il faudra convaincre et motiver; il faudra lever les peurs et susciter l’enthousiasme.
LE PROJET DE SOIN
Le projet de soin est un plan d’actions élaboré par les soignants avec le patient. Il permet de poser des actions choisies en fonction des problèmes observés.
La première étape de ce projet passe par l’identification des problèmes de santé ainsi que les ressources (biologiques, psychologiques, familiales, financières…) du patient lors d’un entretien avec la personne soignée et avec ses proches dans le but de recueillir des données.
Dans le projet de soin, la personne est reconnue comme acteur de son projet de soin; elle participe à l’élaboration et à la mise en place du projet
Du coté du soignant, le recueil et l’organisation des données permet leur analyse : analyser la situation pour affirmer ou infirmer une hypothèse en fonction de la problématique de départ. Il faut pour cela respecter 4 phases successives :
- Phase de description : savoir de quoi il s’agit :
- décomposer les données pour les comprendre,
- organiser les données
- identifier les problèmes et les hypothèses étiologiques
- choisir une méthodologie d’analyse
- Phase explicative :
- explication théorique
- établir des liens
- Phase analytique :
- Le raisonnement hypothético-déductif permet d’identifier les relations de causes à effet entre les différents paramètres d’une situation c’est à dire que l’on dit à quoi ils sont liés et comment ils se manifestent.
- Raisonner par argumentation en cherchant les éléments favorables ou positifs de la situation : ce sont les ressources. Les éléments défavorables ou négatifs qui sont les difficultés.
- Phase de synthèse :
- Consiste en un exposé de la situation après analyse c’est un peu comme une conclusion momentanée car elle peut évoluer par la suite.
- Elle permet de prendre des décisions, d’anticiper les soins en prenant en compte l’avenir à court, moyen et long terme.
Le projet de soin est donc un processus dynamique qui évolue. Il est réajusté en fonction de l’évolution de l’état de santé, des besoins et des souhaits de la personne soignée. Il doit être élaboré en concertation et en accord avec la personne soignée. La personne soignée est donc actrice de son projet de soins. Elle est partenaire du projet de soins.
NEGOCIATION ET ALLIANCE THERAPEUTIQUE
La négociation est un processus de communication et d’échanges entre deux ou plusieurs parties (bi ou multilatérales) dont l’objectif est généralement la résolution d’un problème ou d’une question faisant l’objet d’un différend. Le processus de négociation peut s’inscrire dans un rapport de coopération entre les parties ou dans un rapport de compétition. Il est fréquent que lors d’une négociation il y ait alternance entre ces deux types de rapports.
Le soignant doit donc savoir présenter de façon la plus objective possible, lors d’un moment approprié et dans un endroit calme, les « bienfaits » du soin refusé à priori par le patient.
Dans bien des cas, la négociation permet de lever des malentendus, d’atténuer les craintes ressenties par le patient, de vaincre ses préjugés et aboutit alors à une acceptation « libre et éclairée » du soin initialement refusé.
En cas d’opposition, il importe que le patient soit informé par le soignant sur les conséquences de son refus. D’où l’importance de la négociation pour amener le patient à comprendre qu’il est dans son intérêt d’accepter un soin approprié à son état de son santé.
Rappelons cependant que le patient a le droit de refuser tout traitement et que ce refus doit être entendu et respecté par le soignant.
Une alliance thérapeutique désigne la collaboration entre le patient et le soignant.
La confiance est un « sentiment de sécurité de celui qui se fie à quelqu’un, à quelque chose ». Elle se construit au jour le jour et chaque partie prenante en est responsable.
La confiance est basée sur une relation réciproque d’ordre affectif et sur un engagement mutuel. La confiance se mérite et n’est jamais gagnée de façon définitive.
La confiance que le soignant accorde à la personne soignée va l’amener à reprendre confiance en elle-même. Il existe un effet cumulatif de la confiance partagée.
Pour être digne de confiance, le soignant doit :
- faire preuve d’authenticité et de compréhension empathique,
- se montrer impliqué dans la prise en charge,
- être professionnellement compétent.
7 PRINCIPES POUR NÉGOCIER AVEC LE PATIENT
- Ne pas vouloir réussir contre l’autre mais avec l’autre, l’associer : « nous » plutôt que « je ».
- S’exprimer pour renforcer la communication : utiliser le présent, être clair, communiquer positivement.
- Écouter plus pour interpréter moins : écouter deux fois plus et parler deux fois moins.
- Savoir observer l’autre pour mieux s ’adapter.
- Demeurer et rester optimiste.
- Demeurer crédible : respecter et tenir ses promesses.
- Savoir dire non.
Pour aller plus loin : Confessions Secrètes d’un Négociateur