Voici des témoignages authentiques de patients reçus en urgence :
« Je n’ai pas dormi depuis 48h. Mon dentiste habituel est débordé, il ne peut pas me recevoir avant 6 semaines ! »
«J’ai mal en permanence depuis 3 jours. Je me suis présenté dans un cabinet dentaire et l’assistante m’a dit que, comme je n’avais visiblement pas de « chique », ça n’était pas une urgence ! Elle m’a donné une ordonnance d’antibiotiques. Cela ne m’a rien fait…»
« J’habite à 60 km, je viens de m’installer dans la région. Je me suis cassé une dent et impossible de trouver un cabinet dentaire pour me recevoir parmi les 40 de ma ville. J’ai dû aller aux urgences de l’hôpital, j’ai attendu mon tour et là, on m’a dit de consulter un dentiste ! »
L’urgence en odontologie est une réalité quotidienne à laquelle l’ensemble de l’équipe soignante du cabinet dentaire doit pouvoir et savoir y faire face. De plus, les obligations du médecin-dentiste vis-à-vis de l’urgence sont définies par le Code pénal, le Code de la Santé Publique et le Code de Déontologie :
Le praticien se doit en effet :
- De porter assistance à la personne en péril
- De participer à la permanence des soins
- D’assurer la continuité des soins en son absence
- D’informer le praticien traitant de son intervention
Mais trop souvent, les cabinets dentaires refusent de prendre en charge les urgences dentaires. La raison invoquée est qu’une surcharge de patients empêche d’en recevoir de nouveaux. Certains patients, sans même pouvoir expliquer l’urgence de leur problème, ne peuvent obtenir de rendez-vous chez leur praticien habituel, avant les plusieurs semaines de délais qu’imposent un planning surchargé.
Ces patients, en dernier ressort, se présentent souvent aux services d’urgence des cabinets médicaux (SOS Médecins) ou des services hospitaliers qui, sauf dans les villes dont l’hôpital intègre un service d’odontologie, ne disposent pas de moyens diagnostiques et thérapeutiques adaptés. Rappelons que la totalité des urgences dentaires réclament un diagnostic précis et, dans une majorité de cas, la réalisation d’un geste thérapeutique. La prescription seule, a fortiori sans diagnostic, n’est jamais pertinente.
Le but de cet article est de proposer une méthode d’organisation rationnelle pour la prise en charge de l’urgence odontologique par les cabinets dentaires. Le diagnostic des pathologies bucco-dentaires relevant de l’urgence ne sont pas détaillées, ni leur traitement.
QU’EST CE QU’UNE « VRAIE » URGENCE?
L’urgence en médecine se définit comme une situation médicale qui ne peut pas ou peu attendre mais il faut d’ores et déjà distinguer l’urgence objective (« situation impliquant l’intervention rapide d’un médecin, seul compétent pour administrer les soins ou prescrire les médicaments nécessaires ») de l’urgence subjective («est considéré comme urgence tout ce qui est ressenti par le patient comme étant d’ordre médical et qui ne peut souffrir de retard. »)
Ces définitions montrent la nécessité de définir l’urgence selon des critères objectifs dès le stade de l’accueil téléphonique afin de distinguer l’urgence vraie de la « fausse urgence ». Le patient, souvent en état de stress, voir de choc va avoir tendance (volontaire ou non) à accentuer son état, à mettre l’emphase sur le caractère urgent de sa demande et à majorer les symptômes ressentis. L’assistante dentaire peut se laisser influencer par un patient super-émotif et/ou manipulateur.
L’enfant et ses parents sont reçus rapidement dans un créneau court de 5 minutes, entre deux patients. L’évaluation clinique et radiologique est réalisée : fractures amélo-dentinaires sans complications pulpaires. L’enfant et les parents sont rassurés. Le traitement est reporté au soir même, en fin de vacation. Le certificat médical initial aura été établi préalablement et remis aux intéressés.
La réalisation de cette fiche de gestion des urgences répond à un triple besoin :
- Pour l’assistante en charge de l’accueil téléphonique : comprendre et distinguer les situations urgentes de celles qui le sont moins et moduler le planning de manière adaptée et justifiée.
- Pour le praticien : connaître les caractéristiques de l’urgence avant même que le patient ne soit sur place afin de prévoir le temps et le matériel nécessaire à une résolution rapide du problème.
- Pour le patient : une écoute et des conseils personnalisés permettent de réduire son niveau d’anxiété. Or, on sait que l’intensité douloureuse ressentie varie avec le niveau d’anxiété. Même si le rendez-vous est prévu quelques jours plus tard, l’idée qu’il ne sera pas livré à lui même, sans solution lui permet de patienter de manière plus sereine.
CONCLUSION
« Il y a peu d’urgences absolues mais nous n’avons pas le droit de laisser un patient dans la douleur et dans l’angoisse sans l’aider. »
– D. Rozencweig
Un planning surchargé ne saurait justifier le refus de prise en charge d’une urgence dentaire. Rationalité et organisation doivent permettre la prise en charge systématique, par le cabinet dentaire, des patients qui en ont réellement besoin. L’urgence dentaire, même si elle n’engage le pronostic vital que dans de rarissime cas, ne doit pas être sous-estimée. Les souffrances physiques et psychiques sont la raison d’être de la médecine. Leur prise en charge est un devoir.
Bonjour,
J’adorerais que vous soyez mon dentiste ! Malheureusement le mien ne veut rien entendre et apparemment il y a un consensus sur la région. On m’a proposé un rdv en juin (nous sommes le 2 mars !), l’urgence n’est pas prise en charge et on m’a conseillé d’aller voir mon médecin pour avoir des calmants ! j’ai l’impression d’être prise en otage ! c’est eux qui fixent les règles, les rdv quand ça leur chantent et leurs tarifs ! on n’est même pas sure d’être bien soigné ! est-ce que vous trouvez ça normal ? ou est le progrès ?
Bonjour , j’ai eu exactement le même souci que vous mon dentiste et tellement déborder que en prenant rdv au mois de mars j’ai rdv que le 17 août ! Autrement dis je ne dors plus et mon médecin traitant ma mis sous codéine pour calmer la douleur ! Un médecin du Samu que j’ai pu rencontrer au urgence ma conseiller d’aller directement au cabinet et de prévenir que je resterais ici jusqu’à ce qu’on me prennent ! Il m’a dis que le dentiste était obliger de nous recevoir en urgence !! Vive les dents de ???? ! Bonne journée
Bonjour,
Le problème de ces métiers, c’est qu’ils sont majoritairement pratiqués par des gens assoifés de fric ou de cas exceptionnels, histoire de d’avoir un peu de nouveautés dans leur quotidien à la con.
Quand on voit des praticiens (quelque soit la discipline) réussir à prendre des « patients » (gros pigeons ayant probablement une bronchite/rhino/… problème courant) et qu’ils ne comprennent pas pourquoi les gens en viennent à faire de l’auto-médication…
Monsieur, merci pour votre retour. Des gens comme vous c’est plutôt très rares (saloperie d’ordres des médecins/chirurgiens/etc. qui restent corrompus aux sirenes de l’argent et en oublient le côté humain de la relation).
En dentaire à part un trauma il n’y pas d’urgence, Que des négligences.
Et puis c’est l’été la moitié des cabinets sont fermés, j’imagine la difficulté des autres cabinets à accepter un surplus d’urgence en plus de leurs propres urgences
Chère Gandia,
Vous avez raison sur un point : mieux vaut ne pas avoir de problème dentaire au mois d’Aout. La question de la permanence des soins se pose donc avec encore plus de force. Il me semble que le Conseil de l’Ordre étudie activement le problème.
En revanche, vous avez tort d’affirmer que les urgences dentaires ne sont que le résultat de négligence. Par exemple, un patient peut consulter régulièrement et malgré cela, des pathologies non diagnostiquées ou iatrogènes peuvent évoluer brutalement vers des urgences vraies – qui restent rares j’en conviens – mais qui doivent être prise en charge. Il y a la négligence de certains patients; il y a la négligence de certains praticiens et il y a aussi des situations où personne n’est responsable.
Une dernière chose : urgence ou pas urgence, notre rôle est de soigner, pas de juger.
Bonnes vacances.
Bonjour Sansom,
Méfiez-vous des généralités car il n’y a rien de pire. Les praticiens que vous décrivez existent probablement mais de là à dire que tous les médecins sont comme ça… Je vous invite à enrichir votre expérience et à vous documenter.
Cela dit, vous posez la problématique fondamentale des honoraires. Ce sujet, très vaste et complexe, sera très prochainement abordé dans un ou plusieurs articles. Mais d’ici là, considérez que l’éthique professionnelle ne semble pas moins solide en médecine que dans dans d’autres professions (banque, bâtiment, commerce, politique, religion, droit, haute technologie…)
Cordialement.
Je suis nouveau et intéressé par ses articles