Vous est-il déjà arrivé d’avoir un patient qui, après un soin conservateur sur une dent, revient vous consulter car il se plaint d’une sensibilité, d’une gêne voire d’une douleur sur cette même dent. Vous examinez, votre restauration vous semble correcte, la vitalité pulpaire est normale, pas de signe de douleurs à la palpation apicale, rien à la radio… Vous ajustez l’occlusion, mais malgré ces réglages le patient revient plusieurs fois avec les mêmes symptômes. Vous décidez alors, d’un commun accord, de refaire la restauration et/ou de carrément dépulper la dent.
Après la pulpectomie, le patient revient et ressent toujours une douleur et vous dit : « Docteur, ça s’est arrangé mais je ressent toujours quelque chose. »
Une des causes les plus sous-évaluée à ce type de problème est l’occlusion. Il ne s’agit pas de l’OIM car vous l’avez déjà vérifiée et ajustée en demandant au patient de serrer des dents. Il s’agit en réalité des surcharges en latéralités. Peut être y avez-vous déjà pensé avant de dépulper la dent mais avez-vous vérifier les mouvements excursifs extrêmes de la mandibule en propulsion et en latéralités ? Il arrive parfois que, lors de ces mouvements en propulsion maximale ou en latéralités maximale, une surcharge occlusale apparaisse dans la zone en rapport avec la douleur ressentie par le patient.
Le cas clinique qui suit illustre parfaitement ce type de complication, ici après une réalisation prothétique.
Mr X, 41 ans présente des rapports occlusaux pour le moins « atypiques ». On observe une dysmorphose dento-maxillaire qui se traduit par des encombrements et des malpositions dentaires et une classe III squelettique prononcée. L’incisive latérale supérieure droite vient d’être extraite en raison d’une carie radiculaire importante et l’espace mésio-distal est insuffisant pour mettre en place un implant. Nous décidons de réaliser un bridge de type Maryland collé à une seule ailette. Nous avons déjà présenté les avantages de ce type de restaurations dans un précédent article.
A l’issue de la séance de pose, tout semble impeccable. La classe III et l’absence de guide antérieur ne font pas suspecter d’interférences sur les dents antérieures. Pourtant, 48 heures plus tard, la prothèse de décolle. Elle est recollée en urgence et se décolle à nouveau après 4 jours. Que se passe t-il? Est-ce un problème d’adhésion? Faut il envisager des tenons dentinaires voire un ancrage radiculaire dans la canine?
La solution se trouve dans les mouvements extrêmes de latéralisés et de propulsion.
Une fois les réglages en propulsion et latéralités extrêmes effectués, la prothèse ne s’est plus décollée.
Il est tout à fait possible que les patients effectuent ces mouvements pendant leur sommeil ou même pendant la journée sans s’en rendre compte. En supprimant cette zone de contact, les symptômes ont tendance à disparaître rapidement.
La prochaine fois, quand vous avez tout essayé, avant de commettre l’irréversible, pensez à vérifier les positions extrêmes de la mandibule.
C’est effectivement ce qui se passe 2 fois sur 3 lors des consultations pour rescellement de prothèse conjointe.