Ebola au Cabinet Dentaire?

L’épidémie de fièvre hémorragique Ebola, apparue en février 2014 en Guinée, continue de s’étendre de manière très préoccupante. L‘OMS met en garde les populations et les premières contaminations hors Afrique qui ont eu lieu ont touché des personnels soignants. Dernièrement, des études statistiques ont montré qu’en raison des flux de voyageurs, les probabilités de voir apparaitre, dans les prochains mois, des cas de contamination en Europe ne sont pas négligeables.

Bien que le risque de propagation épidémique de cette maladie soit relativement faible grâce aux structures sanitaires et aux méthodes préventives des pays occidentaux, les professionnels de santé que nous sommes doivent garder un oeil vigilant sur les caractéristiques et l’évolution de ce virus meurtrier et surtout nous rappeler qu’il n’est pas le seul danger qui nous menace…

LE VIRUS EBOLA

Le virus Ebola se transmet par le contact direct des fluides corporels infectés. En ce qui nous concerne :

  • le sang
  • la salive
  • la sueur

La période d’incubation de la maladie est de 2 à 21 jours et correspond à la durée qui sépare la contamination et le développement des premiers symptômes. Avant l’apparition des premiers symptômes, les humains infectés ne sont pas contagieux. Le virus ne se transmet pas dans l’air.

Les premiers symptômes sont :

  • fatigue soudaine
  • forte fièvre
  • douleurs musculaires
  • céphalées
  • mal de gorge

et sont suivis par des vomissements, des diarrhées, des éruptions cutanées, des signes d’insuffisances hépatique et rénale, des hémorragies externes et internes.

LES VIRUS AU CABINET DENTAIRE

Mais bien avant le virus Ebola, les chirurgiens-dentistes sont fortement exposés à d’autres virus :

  • Herpes / Zona : très fréquent et très contagieux mais dont l’évolution est assez favorable
  • Hépatites virales : les soignants sont tous vaccinés contre le virus de l’hépatite B mais le virus de l’hépatite C, dont la transmission se fait par voie sanguine est beaucoup plus préoccupant pour les chirurgiens-dentistes et plus particulièrement ceux dont la pratique est orientée vers la chirurgie buccale.
  • VIH : 150000 personnes en France sont diagnostiquées et traitées mais on estime à 30000 le nombre de personnes non dépistées qui portent le virus sans même le savoir. Cliquez ici pour en savoir plus sur le VIH au cabinet dentaire.

PRECAUTIONS & HABITUDES A PRENDRE

  • Le questionnaire médical : qui doit lister les différentes infections virales chroniques que peut porter le patient. D’autre part, la question « êtes-vous conscient d’un changement de votre état de santé au cours des dernières 48 heures (fièvre, toux, diarrhées…)? » devrait permettre de reporter les soins dentaires si une infection bactérienne ou virale récente est suspectée.
  • Le lavage des mains : systématique, méthodique, répété avant et après chaque examen ou soin.
  • Le port systématique de protections individuelles : gants, masque, lunettes
  • La décontamination adaptée et répétée de l’environnement de travail : surfaces hautes, unit, sols
  • La décontamination et la stérilisation des instruments selon les normes en vigueur
  • Privilégier le matériel à usage unique
  • Le respect des protocoles de gestion des déchets de soins à risque infectieux (DASRI)
  • L’affichage et le respect à la lettre de la conduite à tenir en cas d’accident d’exposition au sang (AES)

CONCLUSION

La dramatique épidémie africaine d’Ebola ne doit pas nous faire sombrer dans la psychose mais doit plutôt nous inciter à rester très vigilants car les maladies virales sont très contagieuses et constituent un danger quotidien pour tout le personnel soignant des cabinets dentaires ainsi que pour les patients qui viennent s’y faire soigner. La meilleure stratégie de lutte contre les maladies virales passe par la prévention de la contamination et il faut considérer tout patient comme un « porteur potentiel ».

Mais la pratique quotidienne de l’odontologie se heurte fréquemment aux règles strictes du « zéro faute d’asepsie » des blocs opératoires. Les protocoles d’hygiène et d’asepsie sont plus faciles à appliquer en chirurgie buccale et implantaire qu’à extrapoler aux autres actes d’omnipratique. Il faut s’appliquer et s’approcher le plus possible du niveau de « propreté » ou « d’hygiène optimale » qui s’impose à nous. Là encore, l’analyse des erreurs et l’amélioration perpétuelle sont indispensables.

Comme dans les autres disciplines chirurgicales, l’asepsie doit rester le premier soucis de l’équipe opératoire.


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