Nous avons présenté un cas clinique de traitement parodontal aux résultats surprenants. La gestion des paramètres occlusaux, en plus du problème microbien, a permis de sauver des dents qui semblaient condamnées au remplacement implantaire. Comment expliquer ces résultats? Voici quelques éléments de réflexion et de discussion.
Le traitement étiologique des maladies parodontales est très clairement codifié dans la littérature. Les descriptions qui en sont faites et les recherches qui le soutiennent reposent essentiellement sur l’élimination des bactéries pathogènes.
Pourtant, dans le cas de Mlle Y, l’examen initial a montré que le niveau d’hygiène était très satisfaisant et les scores de plaque très faibles. Sans réaliser d’antibiogramme, on est tenté de penser à ce stade que c’est l’agressivité des pathogènes qui prime sur leur quantité.
Comment expliquer l’agressivité de la pathologie chez cette patiente jeune? Les pathogènes et les défenses immunitaires de l’organisme se livrent à une guerre perpétuelle. La maladie est la résultante d’une supériorité (qualitative et/ou quantitative) des premiers sur les secondes. On peut donc penser que les défenses immunitaires de la patiente sont incapables à elles seules de lutter contre l’agression microbienne. La patiente nous dit effectivement que des personnes de sa famille souffrent de problèmes parodontaux… Malheureusement pour elle, nous ne disposons pas encore de thérapie immunogénique susceptible de booster sa réponse immunitaire.
On sait également que le tabac est le premier facteur aggravant des maladies parodontales mais la patiente est non fumeuse et n’a jamais fumé de sa vie. Cette piste est donc à écarter.
Nous devons alors envisager un autre paramètre qui nous est spécifique : la fonction occlusale.
CLINIQUE Vs BIBLIO
Pour la majorité des parodontologistes (exclusifs), la question du facteur occlusal dans le développement et l’entretien des maladies parodontales est un sujet sensible et rarement abordé dans les congrès de la discipline. Et pour cause : l’Evidence Based Medecine n’a pas encore pu prouver qu’il existait un lien de cause à effet entre le contexte occlusal et la maladie parodontale. La raison est double :
- La majorité des études en parodontologie sont menées par des hyper-spécialistes
- Les études envisagent les paramètres occlusaux de manière disparate et très mal codifiée
Pourtant, nous pouvons constater cliniquement une amélioration de la santé parodontale lorsqu’est associé un traitement occlusal lorsqu’il est indiqué.
MONOPRATICIEN Vs OMNISPECIALISTE
Dans leur ouvrage de référence : Le Traitement Parodontal Raisonné, Pierre Genon et de Christine Romagna-Genon posait déjà les bases de l’approche globale du traitement parodontal. Pour ces auteurs, la thérapeutique parodontale s’intègre toujours dans le cadre du traitement global interdisciplinaire, dont un des critères essentiels est d’assurer la fonction, car une denture non fonctionnelle ne peut être considérée comme stabilisée. C’est dans ce cadre que l’analyse systématique de l’occlusion du patient prend tous son sens.
La thérapeutique parodontale s’appuie sur une analyse et une action à trois niveaux :
- Le terrain individuel du patient
- La plaque bactérienne
- Les surcharges fonctionnelles
Comment considérer le contexte occlusal lorsque vous traitez un cas paro?