Imaginez qu’un docteur diagnostique une pathologie susceptible d’altérer (sans la menacer) la vie du patient. Il s’agit d’une pathologie qu’il a déjà rencontré à de nombreuses reprises. Il sait qu’il existe un traitement – qu’il a d’ailleurs pratiqué à de nombreuses reprises et avec succès – pour traiter efficacement le problème. Mais il décide de ne pas en parler au patient. Pourquoi ? Parce qu’il sait que la mutuelle du patient ne prend pas en charge le traitement et parce qu’il est sûr que le patient n’a pas les moyens de se le payer.
N’importe qui vous dirait que le praticien décrit dans ce scénario se rend coupable de manquement à son devoir d’information – pour ne pas dire de malhonnêteté.
Et pourtant, c’est ce que bien des chirurgiens-dentistes font quotidiennement. Ils le font avec les meilleurs intentions du monde ; ils se persuadent qu’ils veulent que leur patient soit remboursé du mieux possible et veulent également éviter que le patient ne refuse le traitement proposé et déserte le cabinet. En ce faisant, ils préjugent de ce que le patient est susceptible d’accepter, et ajustent la présentation des plans de traitement en fonction de paramètres économiques.
La prochaine fois que vous vous surprenez à faire cela – c’est à dire la prochaine fois que vous pensez « il/elle ne fera jamais », et que vous vous retenez de présenter le plan de traitement que vous jugez idéal – souvenez vous de ce docteur dont je vous ai parlé. Quel est le niveau de soins que vous souhaitez fournir à vos patients ? Est-ce comme cela que vous voudriez que vous même ou vos proches soient soignés ? Bien sûr personne n’est jamais mort d’avoir reçu des soins dentaires à minima. Mais il s’agit bel et bien d’une problématique ayant des conséquences en terme de santé publique. Il en va même de votre intégrité professionnelle.
Les limitations financières du patient sont une réalité avec laquelle il nous faut composer et nous accommoder. Mais cette réalité est une réalité bien distincte de la réalité clinique du patient. Vous voyez ce que vous voyez, vous savez ce que savez, et il en va de votre devoir professionnel de dire la vérité.
BIEN SOIGNER LES PATIENTS : C’EST LE TRAVAIL DES MEDECINS
BIEN REMBOURSER LES PATIENTS : C’EST LE TRAVAIL DES ASSUREURS