A l’heure de l’Internet et des mass-médias, les patients sont de plus en plus informés et souhaitent plus que jamais se sentir impliqués dans les décisions qui les concernent, y compris en matière de santé bucco-dentaire. Alors, de deux choses l’une : soit vous saisissez l’occasion de vous associer à eux pour les aider à faire les bons choix, soit vous manquez cette opportunité importante qui conditionne pour beaucoup la qualité de la relation thérapeutique.
La méthode est simple : Pendant que :
- vous apprenez à découvrir le patient qui…
- découvre des choses le concernant de manière à ce qu’il…
- puisse faire des choix éclairés et que…
- vous puissiez l’aider à atteindre le but qu’il s’est fixé.
Pour mettre cette méthode en application de manière efficace, il faut garder à l’esprit un certain nombre de principes :
Principe n°1 : Les patients souhaitent prendre les bonnes décisions.
Personne ne souhaite prendre de mauvaise décision pour soi-même. Il arrive que quelqu’un regrette d’avoir pris telle ou telle décision à la lumière de faits nouveaux, mais il peut toujours justifier le choix qu’il a fait. Par exemple : quand un patient choisit une option moins souhaitable ou reporte ses soins, il y a toujours des conséquences potentielles que vous aimeriez qu’il évite. Votre rôle n’est pas de désapprouver (ni même d’approuver) le choix du patient mais plutôt de vous assurer que le patient a bien compris sa situation bucco-dentaire, les possibilités de traitement et leurs conséquences ; et qu’il dispose de toutes les informations nécessaires pour cela.
Vous pouvez bien évidemment exprimer votre opinion professionnelle sur ce qui vous semble être la meilleure option de traitement mais vous ne pouvez pas supposer que celle-ci correspondra parfaitement aux intérêts personnels du patient car vous ne pouvez pas connaître l’ensemble des problématiques auxquelles il est soumis.
Principe n°2 : Les patients ont besoin de votre aide pour prendre leur décision.
Vos patients vous ont choisi comme chirurgien-dentiste car ils pensent que vous pouvez les aider à résoudre un problème qui affecte leur qualité de vie. Il ont besoin de votre aide pour faire leur choix car votre opinion compte. Et même s’ils ne suivent pas vos conseils, ils écoutent votre avis avec attention. C’est pourquoi il est essentiel que vos patients comprennent ce que vous proposez et pourquoi vous le proposez.
Principe n°3 : Ce sont les attitudes, les croyances et les valeurs du patient – pas les vôtres – qui le guident vers la bonne décision
Non seulement vous pouvez avoir des attitudes, des croyances et des valeurs différentes de celles de vos patients, mais vous pouvez également les mettre en pratique de manière différente. Deux personnes peuvent accorder de la même importance à la santé mais se soigner de manière complètement différente.
Si vous souhaitez aider vos patients à prendre les bonnes décisions pour eux-mêmes, vous devez commencer par les aider à clarifier ce qui est important pour eux et pourquoi c’est important. Et même jusqu’à leur montrer comment ces valeurs sont liées ou se contredisent. Faites le sans aucune manipulation car votre discours serait incohérent et le patient s’en rendrait compte.
Principe n°4 : L’information à elle seule ne suffit pas
Vos observations, constatations et opinions cliniques constituent des informations importantes que vous devez communiquer au patient afin qu’il comprennent la réalité de sa situation buccale. Mais délivrer l’information ne suffit pas à lui donner du sens. L’information délivrée par le praticien ne va prendre du sens dans l’esprit du patient que si elle s’inscrit dans un contexte. Ce contexte, ce sont toutes les circonstances de vie du patient qui incluent des considérations économiques, géographiques, sociales, familiales, intellectuelles, professionnelles etc. C’est la raison pour laquelle une information n’aura pas le même impact d’une personne à l’autre.
Principe n°5 : Ne manipulez pas. Ne jugez pas.
La facilitation est le processus grâce auquel nous pouvons établir et maintenir des relations avec nos patients. Il faut pour cela de l’écoute, de l’empathie et de la curiosité envers les autres afin de pouvoir découvrir ce que vous ne savez pas encore. Avant de pouvoir faire les bons choix, le patient doit se découvrir lui même et c’est en cela que des compétences de facilitation sont essentielles. Mais facilitation ne veut pas dire manipulation. Il ne s’agit pas de guider les patient vers un « oui » d’acceptation. Les préjugés sont également les ennemis de la facilitation.
Principe n°6 : La décision que prend le patient pour lui même est toujours meilleure que la décision que vous pourriez prendre pour lui.
C’est une vérité non négociable pour 3 raisons :
- Chacun d’entre nous est le mieux placé (à condition d’avoir des capacités intellectuelles adultes et saines) pour appréhender la complexité de sa propre existence et considérer tous les aspects qui interviennent dans le processus de décision. Même si vous connaissez très bien vos patients, vous ne pourrez jamais vous substituer à eux pour prendre une décision importante.
- Chacun d’entre nous doit accepter d’endosser la responsabilité de ses actions et de ses choix. En ce sens, vous devez tout faire pour aider les patients à être plus responsables de leur santé, de leur avenir, de leur choix. Si vous pensez pouvoir prendre de meilleures décisions pour eux, vous ne serez jamais capables de les aider dans ce cheminement.
- Chacun d’entre nous doit apprendre à assumer les conséquences de ses décisions car cela permet d’apprendre, de progresser et d’accepter sa responsabilité personnelle. Si vous usurpez ce rôle, le patient peut se sentir influencé.
Gardez bien à l’esprit que la meilleure décision pour le patient n’est pas forcément celle que vous auriez choisi pour lui ou si vous aviez été à sa place. Même s’il ne s’agit pas de la solution de traitement la plus chère, la plus sophistiquée ni la plus durable, votre devoir moral, légal et éthique doit rester le même : fournir des explications et des recommandations claires et aider le patient à préciser ses objectifs en fonction de ses contingences personnelles.
« Pour prendre une décision, il faut un nombre impair de personnes et trois c’est déjà trop. »
– Georges Clémenceau
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