Les effets nocifs du tabac ne sont plus à discuter. Au niveau bucco-dentaire citons notamment :
- Cancers buccaux
- Leucoplasies potentiellement malignes
- Atteintes parodontales et pertes dentaires prématurées
- Colorations dentaires
- Halitose
QUESTIONNER SYSTEMATIQUEMENT
90% des chirurgiens-dentistes ne se préoccupent jamais du statut tabagique de leurs patients lors de l’entretien initial. Le tabac est pourtant le premier facteur aggravant dans l’apparition des maladies parodontales. La question « Vous fumez? » doit donc être posée, de manière neutre, sans arrière-pensée accusatrice ou moralisatrice.
La deuxième question à poser est : « Avez-vous déjà envisager d’arrêter? » La réponse du patient va permettre de voir si le tabagisme constitue un problème pour lui même. Beaucoup de patients ont déjà tenté d’arrêter de fumer et ont échoué. Ne jamais perdre de vue que la consultation d’un professionnel de santé n’est pas une démarche anodine : l’impact de nos mots est fort et le dialogue que vous allez engager peut créer le déclic que le patient attendait pour envisager d’arrêter de fumer.
Les chiffres du tabagisme augmentent chez les jeunes adultes : il est toujours bon de leur rappeler à quoi ils s’exposent.
EVALUER PRECISEMENT LE PROBLEME
Le test de Fägerstrom permet de connaître le niveau de dépendance du patient à la nicotine et donc sa capacité à respecter un sevrage pré et post-opératoire :
Score de dépendance :
- de 0 à 3 : dépendance faible ou nulle
- de 4 à 6 : dépendance moyenne
- de 7 à 9 : dépendance forte
- 10-11 : dépendance très forte
SENSIBILISER AUX EFFETS NEFASTES
- Sur la santé en général : l’association pilule contraceptive et tabac est particulièrement fréquente et risquée.
- Sur le parodonte : les fumeurs présentent deux fois plus d’atteintes parodontales que les non-fumeurs et les traitements parodontaux sont deux fois moins efficaces.
- Sur le risque majoré de complications post-opératoires : c’est le principe du consentement éclairé. Le patient fumeur doit savoir qu’il risque de moins bien cicatriser, de perdre des implants, des dents…
Mieux vaut insister sur les bienfaits du sevrage tabagique que de culpabiliser le patient. Une bonne stratégie est d’aborder le problème de l’esthétique dentaire. L’éclaircissement dentaire peut être une motivation et une récompense énorme pour le patient qui fait ou souhaite faire l’effort de se sevrer.
PRESCRIRE OU INCITER A CONSULTER UN TABACOLOGUE
La prescription de substituts nicotiniques relève de la compétence du chirurgien-dentiste. Mais attention, elle doit être adaptée pour être efficace et sans danger. A moins d’avoir suivi une formation spécifique sur le sujet, le plus sage est de se mettre en rapport avec le service de tabacologie le plus proche.
- Traitements nicotiniques de substitution (TNS) dont la dose doit être adaptée au degré de dépendance
- Buproprion LP : substance psychoactive qui réduit la sensation de manque
- Cigarette électronique : peut être la plus grande avancée de l’histoire dans la lutte anti-tabac.
- Psychothérapies comportementales et cognitives
CONCLUSION
Ne pas parler du tabac avec un patient fumeur est un manquement. Engager systématiquement le dialogue à ce sujet permet :
- De jouer pleinement son rôle de professionnel de santé
- De préciser le facteur de risque parodontal
- D’évaluer la compliance du patient avant une thérapeutique globale complexe
- D’améliorer les résultats des thérapeutiques bucco-dentaires
- D’informer le patient et d’augmenter sa confiance
Garder 2 choses à l’esprit :
- l’effet-dose : plus le patient fume (et depuis longtemps), plus les effets seront délétères
- Le terrain et les comorbidités augmentent les effets délétères (Ex : Tabac + alcool + parodonte fin + diabète)
Lire un article sur la prévention et la prise en charge du tabagisme au cabinet dentaire.