L'Éloge de la Fuite

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« Tant qu’on aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l’utilisent, et tant que l’on aura pas dit que jusqu’ici cela a toujours été pour dominer l’autre, il y a peu de chance qu’il y ait quoi que ce soit qui change. »

De tous les domaines du savoir médical, les neurosciences sont sans doute l’un des plus fascinants. L’exploration du fonctionnement du cerveau et des systèmes nerveux permet de comprendre quelles sont les structures et les mécanismes qui sous-tendent toutes nos actions et tous nos comportements, du simple réflexe myotatique à la pensée en passant par la mémoire, les rêves, les émotions, le langage ou l’imagination.

Le Professeur Henri Laborit (1914-1995) était médecin et neuro-biologiste. Il a fait dans les années 50 des découvertes qui ont révolutionné l’anesthésie-réanimation, la pharmacologie et la psychiatrie. Il a également produit des travaux de référence sur le stress oxydatif des cellules qui l’ont amené à explorer les réactions des systèmes nerveux lorsque l’organisme est soumis à une agression.

Face à l’agression et au stress qui en résulte, l’individu n’a que trois possibilités par ordre de préférence :

  1. la fuite pour échapper au déplaisir;
  2. le combat pour tenter faire cesser, par la force, l’agression;
  3. l’inhibition de l’action qui verra des modifications de l’équilibre de ses constantes biologique qui vont conduire au développement de pathologies chroniques.

Pour comprendre ces réactions, il faut savoir qu’au cours de l’évolution, les système nerveux ont évolué par un « empilement » de structures de plus en plus complexes :

  1. Le cerveau « primitif » est constitué de l’hypothalamus et du tronc cérébral qui recueille, en temps réel, les informations sensorielles venant du milieu interne ou de l’environnement extérieur. Ce système permet de commander les comportements innés permettant les comportement automatiques d’assouvissement de la faim, de la soif et de la sexualité.
  2. Le système limbique a ensuite permis, grâce au plaisir et au déplaisir, les processus de mémorisation à long terme des expériences et des effets – agréables, qui permettent le maintien de la structure de l’organisme, et désagréables qui sont dangereuses pour lui –  apportées. De là vont naitre les comportements acquis.
  3. Le cortex qui permet l’anticipation à partir de l’expérience mémorisée et l’établissement de stratégie. C’est le seul étage où siège la conscience mais c’est aussi grâce au cortex que peut se faire l’imagination.

Toutes ces structures ne fonctionnent pas de manière indépendante. La finalité de tous les organismes vivant étant de (sur)vivre, c’est à dire de maintenir leur structure et leur équilibre biologique (homéostasie) du mieux possible et le plus longtemps possible, tous les comportements s’orientent vers des actions gratifiantes qui visent, de manière plus ou moins consciente, à la préservation des structures cellulaires, organiques, individuelles. Et ce sont les mêmes motivations sous-tendent tous les rapports entre les individus, qu’ils appartiennent à la même famille, au même groupe socioprofessionnel, à la même culture, à la même nation, à la même espèce et ces motivations visent toutes à l’établissement et au maintien d’échelles de dominance.

Multidisciplinaire et grâce à une rare capacité d’extrapolation de ses travaux scientifiques, Henri Laborit a permis de faire émerger une compréhension globale des comportements animaux et humains plus performante. En partant du principe qu’il n’existe pas d’étanchéité entre l’action d’un stress physique et celle d’un stress psycho-social et en développant les travaux de Sigmund Freud, de Walter Cannon et de Hans Seylie, il fût le premier à exprimer l’idée que le système nerveux peut être responsable du système de domination sociale et à créer des liens uniques et incontestables entre biologie animale et organisation sociale.  A l’aide de cette nouvelle grille d’interprétation, les problèmes existentiels les plus complexes de l’humanité trouvent de solides éléments de réponse dans l’observation et la compréhension des structures de nos systèmes nerveux.

Dans ce cours essai, publié en 1976, Henri Laborit réussi, avec des principes simples et implacables, a proposer un éclairage inédit sur des thèmes philosophiques aussi fondamentaux que la liberté, la mort, le plaisir, le bonheur, le travail, l’amour, la politique… Et l’on est abasourdi par la surpuissance des découvertes d’un chercheur en biologie pour qui :

« … la connaissance des sciences dites humaines commence à la molécule pour se terminer à celle de l’organisation des sociétés humaines sur la planète. »

186 pages – Français.

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